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[Les Chants révolutionnaires célèbres - L’ouvrier vaincu]

titre :
[Les Chants révolutionnaires célèbres - L’ouvrier vaincu] / Émile Gravelle
adresse :
. — Paris : Hayard, Paris,
description technique (h × l) :
. — 1 impr. photoméc. (carte postale), coul. (couleurs  : colorisé) ; [9 ?] × [14 ?] cm.
notes :
descriptif :
Symboles utilisés :

[CP série : Les Chants révolutionnaires célèbres - ici une poésie de E. Xautrac : "L’ouvrier vaincu".]

texte :

LES CHANTS RÉVOLUTIONNAIRE CÉLÈBRES

L’OUVRIER VAINCU
POÉSIE de E-XAUTRAC

Gravelle


Un triste jour d’hiver. (*) semblable à celui-ci
Dans une des vieux faubourgs, je suis né prés d’ici.
Ma famille, à dix ans, toute était disparue,
En haillons, librement, j’ai grandi dans la rue,
Jouant dans les ruisseaux avec les garnements,
Et ce furent, ma foi, mes plus joyeux moments.
J’achetais un cornet de frites, bien dorées,
Et du soir au matin je fouillais les replis
De ce monde étonnant qu’on appelle Paris
Je vendais du mouron, des boites de cirage,
Et sans même y penser, je grandissais en âge

J’eus alors treize ans, quand un vieux charpentier
M’emmenant avec lui, me montra le chantier.
J’aimais à voir pousser un grand échafaudage.
Il me prit avec lui, me fit mordre à l’ouvrage ;
Jamais je n’avais peur, et petit à petit
Il fit un compagnon du mauvais apprentis
Après, je fus soldat, enfin bref, voilà comme
A vingt-sept ans je fus mon maître, étant un homme
Je travaillais beaucoup, je buvais quelquefois
Surtout les samedis de chaque fin de mois.
Parfois, pendant trois jours j’allais à la Courtille,
Oubliant l’existence entre des bras de filles
Puis je m’en revenais, sans un sou, harassé,
Sans trop même savoir ce qui s’était passé.
Tout ça me dégoutait, j’avais une voisine,
Couturière gentille et restée orpheline,
Je l’aimais et ma foi nous eûmes un enfant,
J’aurais pu la lâche, comme on fait très souvent,
Mais au lieu de ça, nous nous mîmes en ménage
Cela dura vingt ans, les enfants, le chômage,
Les frais de maladie et les frais des huissiers.
J’ai passé par tout ça, comme les ouvriers,
Puis ma femme mourut et, selon la nature,
Les enfants sont partis, chacun à l’aventure,
Tous aussi gueux que moi, malheureux tout le temps
Je reste seul, portant mon poids de soixante ans.


au verso :
Hayard. - Paris


sources :
 
cotes :
 


Série : Les Chants révolutionnaires célèbres