RÉFLEXIONS SUR LA PATRIE ET LA GUERRE
Pour intéresser tous les citoyens à l’ensemble des richesses, la société a développé en eux, pour l’éducation, l’attachement égoïste à leur pays et la haine des nations voisines. Chaque pays devient ainsi une collectivité séparée et indépendante.
C’est la patrie.
Quand les capitalistes d’une patrie croient pouvoir asservir les capitalistes d’une autre patrie, ils arment aussitôt tous les citoyens du pays et les lancent contre les citoyens du pays rival. Ce sont les guerres " du droit, de la civilisation, de la liberté, " etc. ...
Henri BRU (La Dictature du Bonheur).
La guerre n’est pas, comme l’admet la majorité des hommes de notre temps, une oeuvre bonne et louable, mais, comme tout meurtre, elle est une affaire abominable et criminelle, aussi bien pour les hommes qui choisissent librement le métier militaire que pour ceux qui l’acceptent par la crainte de punition ou le désir de gain... Le meurtre, quelque nom que lui donne l’homme, est toujours le meurtre, un acte criminel, tous le savent, ignominieux, infâme... Disons-le clairement, nettement, à haute voix, et les hommes cesseront de voir ce qu’ils imaginaient voir, et ils apercevront ce qui est réellement. Ils cesseront de voir : le service à l’état, l’héroïsme de la guerre la gloire militaire, le patriotisme et ne verront plus que ce qui est : un acte criminel, un meurtre, sans mille suggestions qui l’embellissent...
TOLSTOÏ (Lettre au Congrès de la Paix de Stockholm, 1910)
Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus affreux dans la nature entière.
VOLTAIRE (Dictionnaire Philosophique).
Quelle ingénieuse fiction que celle du rival étranger, de l’adversaire héréditaire. Elle soutient en partie nos ploutocratie... Aussi tout l’effort ses moralistes, des philosophes et des historiens salariés concourt-il à fortifier cette fiction, à l’embellir : le maître d’école répand leurs doctrines, si bien que les pauvres croient vraiment protéger leur taudis que nul ne menace, et en recevant la sportule, ils défendent leur droit à mourir de faim.
Bernard LAZARE (Les Porteurs de Torches).
On vante les héros de la guerre sauvage parce que ...... se distinguer devant les hommes, jouir de la gloire et obtenir des récompenses, ils ont tué et ont été tués.
Personne ne parle des héros de la guerre contre la guerre qui, en silence, sont morts et meurent sous les verges et dans les prisons ou dans l’exil et qui demeurent malgré tout fidèles à la vérité et à leur noble cause.
"Vous voulez faire de moi un complice du meurtre. Vous me demandez de l’argent pour fabriquer des armes et vous voulez que je prenne place dans des bandes d’assassins. Or je professe la loi que vous-mêmes vous professez et qui depuis longtemps défend non seulement l’assassinat, mais toute animosité, c’est pourquoi je ne puis vous obéir". - Ainsi doit parler et parle tout homme sensé qui n’a pas obscurci sa conscience.
Ce sont ces moyens simples, indiscutables, seuls obligatoires pour tous, qui vainquent et vaincront le monde.
TOLSTOÏ (Les deux guerres, 1898).
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